LA FEMME MODERNE
Après les années guerre, la femme tourne de plus en plus sa vie vers le confort, et la mode vestimentaire s’adaptera progressivement à cette volonté. Le bijou suivra. En effet, la somptuosité des pierres ne s’adapte plus à ces nouvelles tenues, et les pierres décoratives sont de plus en plus utilisées. La deuxième guerre mondiale achève ces changements, vingt ans plus tard.
Plus la femme se déshabille, plus elle éprouve le besoin de se parer de bijoux importants. La mode des années 1920 et des années suivantes se libère totalement des formes étriquées à base de baleines et autres corsets. Les formes de la femme sont mises en valeur avec des tissus fluides et légers comme la mousseline de soie. Et avec ces nouveaux tissus et nouvelles coupes, il faut de nouveaux bijoux, plus décontractés parfois. Le bijou n’est plus réservé aux tissus ou aux bals, il se marie admirablement au jersey, au tweed, aux chandails. C’est le bijou de tous les jours qui nait.
Le bijou opère dès lors comme langage, manière d’exprimer son moi profond, de révéler sa personnalité, voire de revendiquer sa différence. Et cela que ce soit une femme avec de grands moyens ou de petits budgets.
En mai-juin 68, des mouvements de révolte surviennent en France. Ces événements sont caractérisés par une vaste révolte spontanée, de nature à la fois culturelle, sociale et politique, dirigée contre la société traditionnelle, le capitalisme, l’impérialisme, et, plus immédiatement, contre le pouvoir gaulliste en place. Enclenchée par une révolte de la jeunesse étudiante parisienne, puis gagnant le monde ouvrier et pratiquement toutes les catégories de population sur l’ensemble du territoire, elle reste le plus important mouvement social de l’histoire de France du XXe siècle.
Cette jeunesse étudiante avide de changement et d’égalité sociale est aussi celle qui porte les bijoux de bois peint, de bakélite, de plastique et de verre. Où les couleurs flashy sont de nécessité et les formes étranges appréciées. Mais à vrai dire, ces bijoux on ne peut que les imaginer parce qu’en fait ils n’ont pas résisté aux années. Les Bijoux Isadora récupèrent des pièces détachées de bijoux anciens et les remontent avec des associations originales.
C’est au début des années 70 que les derniers vestiges de l’étiquette dans habillement ; le tailleur-pantalon d’Yves Saint-Laurent en est le témoignage. Cela encourage encore les femmes à dévoiler une partie de leur personnalité et à l’affirmer devant tous.
Si la joaillerie reste un support d’invention important, progressivement le bijou fantaisie séduit pour ses styles variés qui correspondent à toutes sortes de femmes : de la théâtrale, qui ose encore le bijou d’apparat, à l’affranchie, qui n’attend plus pour qu’on lui offre.
Ce dernier point a d’ailleurs son importance. En effet, le bijou créatif est accessible financièrement à toutes les femmes, elles peuvent maintenant se l’offrir avec leurs propres moyens. Ça y est, l’achat d’impulsion et la course à la consommation sont bien installés, nous voilà entrés dans notre société moderne !